Kevin avait 13 ans, pas 14. Il avait 13 ans depuis le 23 juillet et il est
mort le 1er octobre. Il a donc TREIZE ANS POUR TOUJOURS . 14 ans, il n'aura
jamais.... Vous entendre parler de lui à 14 ans, c'est aussi blessant...
Vous comprendrez très bien cela.
Au Tribunal, où j'étais seule présente comme "public", c'était extrêmement
pénible cette fois, vu le caractère - fatalement - banalisateur de l'avocat
de la défense. J'avais beau avoir imaginé sa tactique pour me prémunir,
j'avoue avoir, cette fois, pleuré pendant sa plaidoirie. D'habitude, je me
maîtrise mieux. Il est temps pour moi que cela se termine. Pour me battre
plus efficacement.
Ceci dit, sans vouloir l'excuser, je comprends stratégiquement sa démarche,
dans la stricte logique de son argumentation et de ce qu'il veut obtenir :
une diminution de la peine. Il fallait donc s'attendre à ce qu'il tente de
diminuer l'impact psychologique et juridique en banalisant les faits. Mais
même le seul journaliste présent, à part celle de la RTBF, a signalé dans
son journal (Vers l'Avenir du 21 novembre) qu'à aucun moment l'avocat n'a prononcé le nom de la victime. Il aurait pu être un peu plus respectueux, donc humain, sans déforcer sa cause, me semble-t-il. Ne serait-ce que par le ton., parfois fort désinvolte. Mais c'est la loi du genre... tel que lui l'a comprise en tous cas. Il a donc voulu influencer psychologiquement le
jury de cette façon. Et il a en tous cas réussi à faire passer habilement un
message : son client n'est pas un salaud. C'est un brave homme qui a commis une erreur. Et il le dit hanté par ce drame. Le prévenu a d'ailleurs parlé de sa peur de la prison qui le priverait de son petit garçon. A quoi la Présidente du Tribunal lui a répondu que pour la famille de Kevin, la privation, c'était pour la vie...
Je ne voudrais pas être Magistrat...
Annette Félix, marraine de Kevin Suarez par décision d'un Juge de la
Jeunesse.